Le Yogarden

Si  nous considérons la nature comme une accumulation de processus mécaniques inertes, elle deviendra inerte pour nous. Si nous considérons notre corps comme une machine, il deviendra une machine pour nous.

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Vous aurez  compris que dans ce blog, ou nous allons bien sûr aborder de nombreux aspects techniques de la conception, de la réalisation et de l’animation d’un jardin de soin, le but n’est pas de vous aider à devenir des bons  décorateurs d’extérieur, mais des passeurs de sens et des acteurs de soin.
Se plonger dans cette logique du vivant pour être capable d’aborder l’expérience du jardin( tout jardin est une expérience en cours !!!) demande un mouvement sur soi même, que j’ai appelé , parce que certains de vos prédécesseurs nous l’avaient soufflé , l’imprégnation. 
C’est ce même mouvement, qui passe par le corps, par le ressenti plus que par la parole, qui s’avère  être le principe actif de la thérapie jardinière.
L’IMPREGNATION
Au cours de stages précédents, plusieurs stagiaires ont utilisé  de leur propre chef le mot « imprégnation » pour tenter de décrire l’action thérapeutique du jardin de soin.
Nous avons retenu cette suggestion et travaillé à lui donner plus de contenu.
En étudiant le cours théorique d’agroécologie de Benoit R. Sorel , nous avons rencontré cette (p.160) proposition qui semble très exactement se rapporter à notre propos :
« On dit souvent que le contact avec la nature change les gens. Par là on pense d’abord à une augmentation de la sensibilité, comme nous l’avons décrit plus haut. Mais existe-t-il, au delà de cette sensibilité augmentée un niveau supérieur d’épanouissement  personnel. ? ….Eh bien in fine nous imaginons que le jardinier doit devenir une partie de son jardin. Il doit ressentir ce que les plantes et la terre ressentent et « penser »comme elles…On a presque honte de se dire « bon maintenant j’imagine que je suis un légume, j’ess aye de ressentir dans quel état je suis et ce qui me ferait du bien. »Nous , un être humain à gros cerveau !N’ayons pas honte de cette pensée incarnée, soyons modeste, rabaissons nous au rang de fruit, de légume, voire de racine , de larve, d’argile et d’humus. Car si on pouvait connaître intuitivement la teneur en humus du solde notre jardin, on saurait de quoi il a besoin.  En particulier  combien d’eau et quelle quantité de couverture de sol  et de fumier il faut lui apporter. Quel jardinier n’a pas secrètement rêvé de cela ? »
Nous avons donc essayé de traduire cela en pratique, par le biais d’une dizaine de petits exercices susceptibles d’être utilisés en formation.
L’approche pédagogique étant :  «  faites vous même l’expérience de ces pratiques, que vous pourrez ensuite  transposer et mettre en place au jardin avec les personnes qui vous sont confiées. »
C’est déjà un chemin qu’Anne explore depuis longtemps au sein de ses jardins notamment avec les enfants.
Ces exercices sont polysensoriels,(respirer, toucher, entendre, regarder),  concentrés, peu verbalisés, personnels, dans le cadre collectif de la formation.
Nous les appelons Yogarden, ou Yoga du jardin en référence à cette très ancienne discipline thérapeutique.
Le Yoga, c’est la pratique de l’union. La liaison conjugale avec ce qui nous entoure. Il existe de multiples formes  de yoga.
Le Yogarden, dans le cadre du jardin de soin, consiste à faire un avec le jardin, pour en ressentir tous les bienfaits.
Il met en œuvre le corps, l’esprit, les sens, les éléments et finalement les processus vitaux : semence,  croissance, fécondation, floraison, fructification.
Tenant compte des différents handicaps psycho moteurs, il n’exige aucun effort, aucune posture difficile ou fatigante, mais seulement un doux abandon, un partage , une concentration sur la conscience de ce que nous sommes à l’instant présent, une fusion dans l’environnement et tout le vivant du jardin.
Comme les plantes du jardin qui tirent leurs ressources, leur beauté et leurs bienfaits de la terre, de l’eau, de la lumière/chaleur et de l’air/espace  le pratiquant du yogarden se fonds dans  ce que Gilles Clément appelle le « vivant alentour ».
Pour cela il applique une méthode fondée sur la simplicité et la spontanéité,  sur ce que chaque être vivant sait faire, respirer, boire, toucher, évoluer dans l’espace, rêver, imaginer.
Il peut donc être pratiqué par tous, handicapés, personnes âgées, tout comme les personnes qui  ne ressentent aucun trouble physique ou mental.
Il s’agit donc  simplement d’une pratique, adaptée à tous, qui nous permet sans effort de préciser,  dans un premier temps, ce que nous ressentons au jardin, afin d’en tirer le plus grand bénéfice possible.
Découvrir en nous la richesse, l’équilibre et l’harmonie des cinq éléments, la façon dont ils se combinent pour produire de la vie,  et partager l’énergie que les végétaux captent et diffusent, tel est le principe du Yogarden.
En tant que méthode de soin fondée sur la nature l’hortithérapie demande à être une pratique consciente. Elle ne peut se limiter à la répétition d’un certain nombre de gestes dans un décor adapté. Elle implique donc les soignants comme agents conscients, c’est à dire ayant fait eux même l’expérience  de ce qu’ils proposent aux personnes dont ils ont la charge. En aidant à cette prise de conscience, à cette intériorisation de l’expérience, le Yogarden propose au thérapeute de se soigner lui même en soignant autrui, par la médiation du jardin et de son soin.
L’hortithérapie soigne le corps mais aussi l’esprit, en même temps. Comment d’ailleurs pourrait il en être autrement, lorsque l’on sait que les pathologies prises en compte impliquent précisément  la conjonction de souffrances physiques  mentales, les troubles nés au point de jonction  de dérèglements physiologiques et psychologiques.
Le jardin apparaît donc ici comme un lieu réel, mais aussi une représentation , dont le discours ne suffit pas à rendre compte.
Raconter un rêve n’est pas rêver, et l’examen des techniques qui nous permettent à la fois de concevoir le jardin,  d’en préciser l’usage, d’en régler l’entretien, la richesse, la variété laisse place à un moment donné à ce que le psychiatre Jean Oury assignait comme tache à la psychiatrie institutionnelle :   la prise en compte l’invisible .
Etre conscients de ce que nous ressentons,  puis s’inspirer de cette conjugaison entre visible et invisible qu’accomplissent tous  les végétaux  en captant l’énergie de la lumière (photosynthèse), de l’eau, des nutriments de la terre, du gaz carbonique de l’air. Cette gestion des éléments, nous pouvons à notre tour la constater et  en partager les fruits, en jouissant tout simplement du jardin.
Car  au cœur  de  l’invisible c’est bien la vie elle même, le vivant qui constitue le langage commun entre la graine féconde qui devient  arbre et  la semence humaine fécondant l’ovule, ou toutes les formes et stratégies  pour la reproduction de la vie et sa provisoire pérennité.
Le Yogarden consiste donc à  se rapprocher de cette vie, en tant que sujet conscient, habile utilisateur des éléments !
Trois étapes de cette expérience :  le corps et l’esprit attentifs,  la rencontre des éléments,  la perception de la vie.
A chacune de ces étapes , le souffle constitue l’exercice commun.

 

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